Les gestionnaires d'état dans React
Si vous avez même ne serait-ce qu'une petite expérience en React, vous avez forcément déjà entendu parler de Redux. Vu que tout le monde en parle et qu'il est même souvent noté en pré-requis sur les offres d'emploi, on se sent souvent un peu à la ramasse quand on ne sait pas s'en servir. Pourtant il a beaucoup de concurrents aujourd'hui qui sont tout aussi légitimes. Alors, on se fait un petit comparatif des gestionnaires d'état ? En fin d'article, on verra si Redux est si essentiel que ça !
Qu'est-ce qu'un "gestionnaire d'état" ou "state manager" ?
Pour bien comprendre ce qu'est un gestionnaire d'état, il faut déjà comprendre ce qu'est un état, ou state en React. Le state est simplement la méthode utilisée par React pour gérer vos structures de données, ou si vous préférez, vos variables. Le problème, c'est que de base, votre state React est scoped (délimité) dans les composants, et ne peut pas en sortir. Il y a quand même un moyen de le passer à d'autres composants, en utilisant le concept de props. Mais du coup, on se retrouve des fois avec un state tout au début de notre arborescence de composants (exemple dans notre App.js), avec le besoin de faire passer ce fameux state plus bas dans notre arborescence. Pour faire ça, deux options :
- Passer le state en props de chaque composant, un par un, jusqu'à arriver au bon. Oui, ça a l'air répétif et fatigant.
- Utiliser un gestionnaire d'état pour appeler notre state directement dans le composant souhaité.
L'intérêt d'un gestionnaire d'état est donc de pouvoir déclarer, modifier et accéder à un state depuis n'importe quel composant de notre application.
Les "anciens"
Dans le domaine du state management, il y a deux anciens : Redux et MobX. Les deux répondent à la même problématique : proposer des structures de données flexibles, et accessibles à tout instant dans une application, pas forcément qu'en JS d'ailleurs. Les deux se différencient essentiellement sur leur utilisation. Certains aiment MobX, d'autres aiment Redux. A quel moment Redux a-t-il pris l'ascendant ? Sans doute parce que l'un de ses créateurs, Dan Abramov, était aussi à l'origine de Facebook et... React. Il paraissait donc logique de se lancer dans Redux quand on venait tout juste de se lancer dans React. Du moins, c'était le cas il y a plusieurs années.
Le fonctionnement de ces "anciens" se base sur un système d'actions, qui déclenchent des reducers, et ces actions peuvent être déclenchées depuis n'importe quel endroit de notre application. De nouveaux concepts, qui étaient un peu indigestes au premier abord, surtout après avoir passé du temps à comprendre React. C'est pour cette raison que les "nouveaux" ont tenté d'apporter un peu de simplicité là-dedans !
Les "nouveaux"
On peut considérer que le premier "nouveau" dans le domaine du state management venait de... React lui-même. Précisément de la grosse update 16.3.0 qui date de 2018. Ce dernier ne nécessitait pas d'installer autre chose que la dernière version de React. On peut donc en bénéficier sur de nouveaux projets, et la plupart du temps, ça fait le job ! Pas besoin de se compliquer l'existence avec des actions ou reducers, ce qui en fait un outil idéal pour des global states très simples. Le souci du contexte, c'est qu'il ne peut stocker qu'une valeur seule, et pas gérer un jeu de données complexes. Donc dans des applications plus compliquées, on oublie React Context...
J'en ai testé deux autres, qui sont Recoil et Zustand :
Recoil
Côté Recoil, on a quelque chose de très simple, qui s'intègre plutôt bien à React. Recoil introduit la notion d'atom, qui est une sorte de variable, mais que l'on va pouvoir faire évoluer tout au long de notre application. On peut comparer ces atoms à des sortes de "variables globales à l'application" (en espérant que ce soit parlant). L'autre intérêt, c'est de pouvoir manipuler ces atoms avec du code synchrone comme asynchrone. Enfin, Recoil se base sur la fonctionnalité de Hook React, qui, il faut le dire, est bien agréable à utiliser.
// Vous déclarez votre atom dans un fichier séparé
const textState = atom({
key: 'textState',
default: '',
});
function CharacterCounter() {
return (
<div>
<TextInput />
<CharacterCount />
</div>
);
}
// Vous l'appelez dans un composant, l'affichez et le faites évoluer comme vous voulez
function TextInput() {
const [text, setText] = useRecoilState(textState);
const onChange = (event) => {
setText(event.target.value);
};
return (
<div>
<input type="text" value={text} onChange={onChange} />
<br /> {/* Pas beau */}
Echo: {text}
</div>
);
}
Zustand
Zustand, quant à lui, est beaucoup plus direct dans son approche. Il ne vous abreuve pas de nouveau concept ou appellation (ici pas de reducer, atom et autre context). Ici, il faut juste comprendre qu'on déclare nos données & méthodes pour modifier ces données au même endroit, puis on peut faire appel à ces différentes propriétés directement depuis nos composants grâce à un hook dédié.
// Vous déclarez votre store dans un fichier séparé, où vous précisez directement vos variables et vos fonctions
const useBearStore = create((set) => ({
bears: 0,
increasePopulation: () => set((state) => ({ bears: state.bears + 1 })),
removeAllBears: () => set({ bears: 0 }),
}))
// Pour l'afficher dans un composant, c'est simple comme deux lignes...
function BearCounter() {
const bears = useBearStore((state) => state.bears)
return {bears} around here ...
}
// Vous pouvez aussi déclencher une fonction en aussi peu de lignes
function Controls() {
const increasePopulation = useBearStore((state) => state.increasePopulation)
return
}
Alors, et Redux dans tout ça ? Je n'ai plus besoin de l'apprendre ?
Je ne vais pas répondre directement à cette question car c'est avant tout à vous de prendre la décision, comme quand vous avez choisi de prendre React, ou un autre, comme framework principal. Ce qui est sûr, c'est que Redux est encore bien implanté, d'autant qu'il s'est adapté à la concurrence et propose aujourd'hui une version beaucoup plus simple qu'auparavant, grâce au fameux @reduxjs/toolkit. D'ailleurs, je trouve que Redux toolkit ressemble étrangement à Zustand au niveau du fonctionnement, même si Redux embarque encore beaucoup de code superflu à mon goût. Ce qui fait de Redux encore un incontournable, c'est surtout que vos collègues séniors le connaissent mieux car il y a fort à parier que c'est avec cette librairie qu'ils ont commencé le state management. Mais ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas en utiliser un autre. Testez tous ces gestionnaires d'état dans des projets perso, puis voyez celui que vous préférez. Pour ma part, je peux travailler sur Redux, mais je préfère travailler avec Zustand, et sur des projets complexes, Zustand est tout à fait capable de rivaliser !